It's a trap !

Depuis quelque temps, le commandement impérial s'inquiète de la recrudescence de transports rebelles dans la bordure intérieure : tout prête à croire qu'ils créent des postes avancés pour s'attaquer à nos territoires situés dans le noyau. C'était une éventualité que l'on avait venir depuis la mort de l'Empereur et nous avions tout fait pour les ralentir...

Mais désorganisés comme nous sommes, nous n'avons pu que les ralentir. Depuis deux ans, les rebelles gagnent en puissance sans que nous ne puissions rien y faire... Nos chefs de guerres se chamaillent entre eux et font cavaliers seuls, divisant nos forces plutôt que de les rassembler. Il nous est impossible de lancer une grosse offensive, et il serait de toute façon trop tard pour le faire désormais. L'alliance a déjà atteint une masse critique en tant qu'entité : ses soutiens augmentent de jour en jour et lui permettent progressivement de rivaliser avec nous en terme de puissance de frappe brute.

Mais nos chefs se voilent la face, préférant les considérer à tort comme le petit groupuscule terroriste qu'ils étaient autrefois. Une erreur qui, malheureusement, nous coûte de plus en plus cher.

À l'heure actuelle, nous nous contentons d'intercepter des convois de passage et les détruisons. Vaisseaux, nourriture, armes, pièces de rechanges : tout y passe. L'objectif est d'affaiblir l'ennemi via une tactique d'attrition. J'ignore si cette stratégie portera ses fruits et je reste tout de même un peu sceptique sur la finalité de tout ceci : ce genre de manœuvre ressemble plus à des assauts désespérés qu'à un réel plan d'action révolutionnaire qui nous permettrait une victoire à moyen ou long terme.

Aujourd'hui, deux escadrons (dont le miens) ont été envoyés pour détruire un convoi rebelle. D'après nos sources, il transporterait du matériel militaires : armes légères et lourdes principalement. Bref, le genre de chose que je préfère voir vaporisé dans l'espace plutôt que sur des champs de bataille à massacrer nos troupes aux sol.

D'après nos scanners Le transport arrive à l'heure prévu, très faiblement escorté. Dans le hangar d'un imposant Destroyer de classe Victory, deux escadrons sont prêt à décoller pour commencer l'assaut dès que nous serons sortis de l'hyperespace.

Finalement, notre destroyer quitte la vitesse lumière, pile devant le transporteur rebelle très certainement pris au dépourvu par cette apparition soudaine. J'ignore d'où nous tenions ces renseignement mais ils étaient bon...

Dix TIE Interceptor et vingt chasseurs TIE surgissent des hangar des hangars, pilonnant sans aucune pitié les quelques X-wings d'escorte qui n'ont rien vu venir. Deux d'entre eux sont détruits instantanément, les autres se lancent dans des manœuvres d'évitement désespérées... Rien de ce qu'ils tenteront ne les sauvera. Les turbolasers du Destroyers se chargent quant à eux d'affaiblir les boucliers du transport qui ne tardera pas à céder malgré sa pitoyable tentative de fuite.

Ils sont en nette infériorité numérique, voir même technique si l'on considère que les X-wing ne valent pas nos intercepteurs. Une victoire rapide et sans panache qui ne figurera pas dans les annales de l'Empire mais après tous, les guerres ne sont pas composées essentiellement de grandes batailles glorieuses. Les leçons d'histoires oublient souvent que ce sont avant tout ce genre de petites escarmouches qui contribuent à faire la différence entre la victoire ou la défaite total.

Je suis encore en train de passer ma combinaison lorsque les alarmes du vaisseaux retentissent. On dirait que le poisson-colo a mordu à l’appât plus vite que prévu... Pas le temps, donc, de s'habiller tranquillement : j'enfile en hâte tout ce qui se trouve dans le casier et me précipite vers les hangars.

Alerte rouge ! Tous les pilotes sont convoqués immédiatement aux hangars ! Equipes Rogue et Bleu aux complets sont priés de se rendre...

Oui oui, ça va j'ai compris : ça urge et on doit décoller au plus vite. En courant jusqu'aux hangar C, je croise sur le chemin deux de mes collègues : Erisi Dlarit et Gavin Darlighter.

La première est l'héritière de la corporation Zaltin de la planète Thyffera, reconnue dans toute la galaxie pour sa production et distribution du précieux Bacta. Si j'ai bien compris, son admission dans l'escadron est une tentative de la Nouvelle République de caresser Zaltin dans le sens du poil pour conclure une alliance... À titre personnel tout ça me laisse sceptique : Zaltin a toujours été historiquement affilié à l'Empire. Quant à la jeune femme en elle même... Je la connais depuis très peu de temps et je ne sais pas trop quoi en penser. Elle m'inspire plutôt la sympathie, mais le fait qu'elle soit une femme magnifique doit certainement aider.

Quand à Gavin il est le cousin d'un des membres fondateur de l'escadron : Biggs Darklighter (de ce qu'on m'en a dit, c'était un pilote casse-cou ayant participé à la destruction de la première étoile noire). Le jeune homme est le benjamin de l'équipe et on sent bien qu'il tient à être à la hauteur de son nom. J'espère simplement que cela ne le conduira pas à faire quelque chose de stupide un jour...

- Ces mecs ne respectent rien... Même pas le temps de s'habiller !

Une petite bougonerie sur un ton badin, du Horn tout craché. Un bon moyen de cacher que je ne suis pas vraiment rassuré à l'idée de ce premier combat en situation réelle...

- Et bien la prochaine fois saute dans ton aile-X tout nu Horn, ça fera un spectacle agréable pour les femmes de l'escadron... me lance Erisi avec un sourire aguicheur.

Conscient que j'ai perdu une bonne occasion de me taire, je n'ajoute rien : ce serait prendre le risque qu'elle en rajoute une couche. Pour ne rien arranger, le sourire en coin de Gavin m'indique qu'il se paye intérieurement ma tête... Quand bien même fait-il un effort prodigieux pour que cela reste discret.

Ceci dit, je ne peux m'empêcher de me dire dans un petit coin de mon esprit que j'aimerais bien la prendre au mot un de ces jours... Dommage que je sois du genre pudique et réservé.

Arrivé dans le hangar, nous retrouvons le reste de l'escadron. Tout le monde est là, prêt à être briefés par le capitaine Celchu. Pour aujourd'hui c'est lui qui commandera notre escadron, le commandant Antilles ayant été appelé pour une autre opération qui nécessitait impérativement sa présence.

- Ok les Rogue... Aujourd'hui c'est votre première fois. Les impériaux ont eu la bonté de se joindre à la fête qu'on leur a organisé alors tâchons de ne pas les décevoir. Il n'y a rien de bien difficile dans cette opération, vous avez déjà vu pire en simulation alors ne vous affolez pas trop : si tout le monde suit les règles d'engagement standard et écoute les ordres on sera tous rentrés en un seul morceau pour le déjeuner.

Les paroles du capitaine se veulent rassurantes et elles le sont... Malgré tout, je ne peux pas m'empêcher de me dire que cette fois-ci, la mort sera belle et bien réelle. Pas de Game Over : une inattention ou une erreur de jugement sera fatale.

- On a deux escadrons d'impériaux qui nous prennent d'assaut : ils s'imaginent attaquer un transport mal protégé et blindé de matériel... Et comme vous le savez ils se trompent. Nos vaisseaux ne sont pas de simples marchandises mais bels et bien des appareils de combat prêt à décoller... L'escadron jaune sert de distraction mais ne tiendra pas bien longtemps alors on saute dans nos X-wing et on se dépêche d'aller les aider ! Allez tout le monde ! Et que la Force soit avec vous...

Conscient que nos camarades sont en train de se faire pilonner par l'ennemi, je saute dans mon appareil et le démarre en trombe, prenant toutefois le temps de mettre en confiance mon ailier.

- Allez Ooryl ! C'est le moment de se distinguer !

Même si sa voix est déformée par son respirateur et que l'intonation monocorde du Gand dissimule ses émotions, son stress et palpable... Et je le comprends bien.

- Ooryl compte sur vous pour le couvrir, Corran Horn.Mais, si vous êtes aussi bon que pendant les simulations, Ooryl n'a aucun soucis à se faire.

Je souris, poussant à fond les manettes de mon aile-X pour me lancer dans la bataille. Les jaunes luttent vaillamment mais sont clairement dépassés... L'arrivée de deux escadrons supplémentaires renverse toutefois la vapeur très rapidement : les impériaux sont totalement pris aux dépourvus et plusieurs TIE sont détruits immédiatement.

- Escadron Rogue ici Blue Leader : Nos B-wings se chargent des turbolasers du Destroyer, on vous laisse les chasseurs.

L'assaut est implacable et l'armement du Destroyer est neutralisé en moins de trente seconde : une prouesse rendu possible par l'incroyable efficacité des B-wings et par l'absence de défense sérieuse de l'imposant appareil. Les chasseurs ennemis sont bien trop équipés à éviter la mort pour songer à venir appuyer leur vaisseau-mère.

Malgé ces débuts encourageants, Les Interceptor m'inquiètent un peu plus... Bien qu'ils soient moins nombreux, leurs spécifications techniques les rendent supérieur à nos X-wing. Pour peu que l'on commette quelques erreurs et que les types en face soient des pilotes assez doué, on se fera décimer.

- Ooryl, on va essayer de nettoyer un peu la zone en virant ces Interceptor. Une fois qu'on les aura dégagés ce sera plus simple

- Bien vu Rogue 8 : Escadrons Rogue, concentrez vos efforts sur les Interceptor ce sont nos cibles prioritaires... Les bleu et les jaunes s'occupent d'éliminer les mirettes*.

Simultanément, tout l'escadron répond à l'ordre du capitaine Celchu :

- Bien reçu Rogue 0 !

Le rapport de force joue désormais en notre faveur et notre coordination est excellente... Quelle que soit l'issue finale de cette bataille, les impériaux n'ont aucune chance de s'en tirer à bon compte.

* Petit surnom donné par les pilotes rebelles aux chasseurs TIE "standard".

Alors que nous sommes persuadés d'avoir pris l'avantage sur les faibles défenses des rebelles, une nuée de chasseurs surgissent subitement des hangars du transporteur, semblables à un essaims de frelons furieux. Environ un sixième de nos forces est instantanément détruit par l'attaque en revers nous contraignant a rapidement changer de stratégie sous peine d'être anéantis dans les minutes qui suivent...

- Escadron Banshee et Alpha, manœuvres d'évasion, les rebelles viennent de nous tendre une embuscade !

"Manœuvres d'évasion" : cet ordre ne me plait pas. Les trois quarts du temps, on peut simplement le traduire par "c'est la merde, regroupez vous comme vous pouvez et évitez de vous faire tuer". Mon Interceptor encaisse pas mal de tirs et mes boucliers fondent rapidement comme neige au soleil... Malgré tout je m'estimme heureux d'être toujours en un seul morceaux : les pilotes de chasseurs TIE n'ont pas eu cette chance.

- Messieurs un quart de nos forces viennent d'être anéantis et les turbolasers du Destroyer sont H.S ! Nous devons procéder à une contre-attaque rapidement !

L'obstination de nos chefs à poursuivre une bataille perdue d'avance me sidère... Seul l'ego démesuré de l'Amiral qui nous commande peut justifier un choix aussi suicidaire ! Nous n'avons plus d'appui et six de nos chasseurs viennent d'être abattus alors qu'une bonne trentaine de nos ennemis continuent à nous infliger de sérieux dommage.

- Escadron Banshee, les B-wings sont notre priorité : regroupez vous au niveau du destroyer et anéantissez moi cette vermine Rebelle.

C'est de la folie furieuse ! Dans tous les cas une manœuvre de fuite serait risquée, mais une retraite garantirait au moins la survie de quelques-uns d'entre nous. Une tentative de contre-attaque vu la situation actuelle nous exposera davantage à une destruction totale.

Et une autre chose me chiffonne... Avec la panique de la bataille, il m'est difficile d'avoir des certitudes, mais tout laisse à penser que les X-wings qui viennent de nous prendre par surprise font parti du fameux escadron Rogue...

- Négatif commandant, faute d'avoir d'abord neutralisé des ennemis, toute tentative de contre-attaque me paraît risquée...

- Obéissez Lieutenant ! Nos forces égalent encore celles des rebelles : en nous reprenant rapidement nous avons encore une chance de les anéantir.

Un raisonnement pareil pourrait se tenir... Mais pas dans la mesure où l'élite des forces Rebelles participe à la bataille. À douze, ils sont en train de maintenir en respect une trentaine de chasseurs ennemis : n'importe quel novice s'abstiendrait de sous-estimer de pareils pilotes.

Mais comme on me l'a fait comprendre, ce n'est pas moi qui donne les ordres. Et quand bien même je sais que mon évaluation de la situation est la bonne, je suis tenu d'obéir à mon supérieur : j'ai déjà de la chance que ma légère insubordination ne m'est valu qu'un rappel à l'ordre.

Avec le reste de mon escadron, je me dirige vers le destroyer, espérant sans guère y croire que la destruction des bombardiers rebelles nous permettra de renverser la vapeur.

Animé par l'énergie du desespoir, je pilonne sans pitié les redoutables B-wing, profitant de la vitesse supérieure de mon appareil pour les prendre au dépourvu... Mais chacun d'entre eux est escorté par des A-wing qui remplissent parfaitement leur rôle de soutien. Avant de m'attaquer aux bombardiers, je suis contraint de m'occuper de ces agaçants moucherons dont la rapidité égale aisément celle de mon appareil.

À force d'acharnement, je parviens à éliminer deux d'entre-eux, mais tout cela m'a pris un précieux temps... Un temps que les B-wing ont mis à profit pour pilonner sans relâche la coque de notre destroyer. Si l'ordre d'évacuation n'est pas donné maintenant, nous perdrons notre dernière chance d'évacuer la zone.